Luther et Paul: même combat, même Evangile! Telle pourrait bien être l’impression générale du lecteur au moment de refermer le grand commentaire de l’épître aux Galates (cours tenus par Luther en 1531, publiés en 1535). Et à vrai dire, Luther présente de solides arguments pour soutenir que le combat qu’il a mené dans l’Eglise de son époque pour défendre la justification par grâce, par le moyen de la foi, n’est rien d’autre que le fidèle reflet du combat que l’apôtre Paul a lui-même mené pour défendre l’Evangile de Christ contre ceux qui le falsifiaient.
Sur cette base, on pourrait s’attendre à ce que l’enseignement de Luther soit en parfaite harmonie avec l’enseignement de l’apôtre Paul. Malheureusement ce n’est pas le cas: à côté de bien des points communs, il y a aussi de sérieuses différences. Lorsqu’en 1983, j’ai commencé à découvrir cette dissonance, cela a été un choc, en même temps que le début d’un déchiffrage, l’ouverture d’un nouvel horizon. Commençait alors pour moi un long chemin fait de solitude, de prière, de recherches et de réflexion, avec aussi de nombreux doutes et, de temps à autre, des discussions avec des pasteurs, des laïcs ou des professeurs de théologie luthériens. Ces échanges se faisaient le plus souvent par écrit. Vers le début des années 2000, j’ai fini par arriver à une compréhension plus précise de l’emplacement et de la structure des failles qui se situent entre les enseignements de Luther et de l’apôtre Paul.
La lettre qui suit fait partie de cette correspondance et fournit, je l’espère, un état des lieux relativement complet de la première grande différence, telle que je la perçois. Dans un but de clarification, j’ai ajouté ici et là quelques informations sous forme de notes à la lettre originale. Je commence par montrer ce que Luther enseigne exactement concernant le règne de la loi et de la grâce dans la vie des chrétiens, tout en mettant en évidence comment cet enseignement diffère de ce que Paul enseigne dans Ga 3:25 et Ga 5:18. J’explore ensuite ce qui a pu conduire Luther à s’égarer sur ce sujet. Je termine la lettre en énumérant et en mettant côte à côte les différents aspects de la collision entre les deux enseignements. Des liens sont en place pour faciliter la navigation entre le corps de la lettre et les notes de bas de page. Les soulignements dans les citations sont de moi.
J’aimerais terminer cette introduction en citant un passage du grand commentaire de l’épître aux Galates, dans lequel Luther fait des recommandations qui pourraient être utiles dans la situation présente.
“Mais [dira-t-on] l’Eglise est sainte, les Pères sont saints. C’est vrai. Mais l’Eglise, toute sainte qu’elle est, n’en doit pas moins prier: “Pardonne-nous nos péchés“. De même, les Pères, tout saints qu’ils sont, n’en doivent pas moins croire la rémission des péchés. Il ne faut donc pas nous croire, ni moi, ni l’Eglise, ni les Pères, ni les apôtres, ni un ange du ciel, si nous enseignons quelque chose à l’encontre de la Parole de Dieu; mais [il faut] que la Parole de Dieu demeure éternellement! Autrement, cet argument des faux apôtres eût possédé la plus grande force contre l’enseignement de Paul. Car c’était assurément une grande chose, je dis bien: une grande chose que d’opposer, dans l’esprit des Galates, toute l’Eglise: bien plus, le chœur apostolique tout entier, au seul personnage de Paul, lui qui était moins ancien et qui avait moins d’autorité. Cet argument avait donc la plus grande force et il était puissamment concluant. Car personne ne dit volontiers que l’Eglise soit dans l’erreur. Il est cependant nécessaire de dire que l’Eglise est dans l’erreur si elle enseigne quelque chose d’étranger ou de contraire à la Parole de Dieu.“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 1:11-12 p. 81 Labor et Fides, Genève 1969
Juin 2003
Cher Professeur,
J’aurais bien aimé répondre plus tôt à votre lettre, mais le déménagement et le nouveau départ ici m’ont pris plus de temps que prévu. D’autre part, je voulais encore prendre le temps de tester une hypothèse. Pour que cette lettre ne devienne pas trop longue, je ne voudrais aborder que les points qui me semblent les plus importants.
Au point III de la lettre, vous dites que Luther n’enseigne pas que “les chrétiens dans la chair“ vivent encore sous la loi, et qu’avec cette affirmation (1) Pannenberg ne rend pas justice à Luther. Il me semble que, dans ce contexte, l’expression “les chrétiens dans la chair“ peut être une source de malentendus, parce qu’il est possible de l’interpréter comme désignant la personne tout entière des chrétiens durant leur vie terrestre (2 Co 10:3; Ga 2:20; Ph 1:22-24). L’expression “les chrétiens selon la chair“ me semble mieux convenir pour exprimer de façon précise le point de vue de Luther, d’autant qu’il l’utilise souvent lui-même. Il existe de nombreux passages où Luther enseigne clairement que la chair des chrétiens se situe sous la loi et doit rester soumise au temps de la loi. Je ne voudrais citer ici que les passages suivants du grand commentaire de l’épître aux Galates.
“Tout chrétien fait l’expérience du même combat. Nombreuses sont les heures où je suis en lutte avec Dieu et où je lui résiste avec impatience. La colère et le jugement de Dieu me déplaisent. A lui, de son côté, ce sont mon impatience et mes murmures, etc., qui déplaisent. Et voilà ce qu’est le temps de la loi, où le chrétien demeure toujours selon la chair. Car la chair ne cesse de convoiter à l’encontre de l’esprit et l’esprit à l’encontre de la chair», etc.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 51-52
“Le chrétien est ainsi partagé entre deux temps. Chair, il est sous la loi; esprit, il est sous l’Evangile. La convoitise, l’avarice, l’ambition, l’orgueil, etc. demeurent continuellement attachés à la chair. Elle reste ignorante, elle méprise Dieu, elle est impatiente et murmure, elle s’irrite contre Dieu parce qu’il se met en travers de nos desseins et de nos efforts, parce qu’il ne punit pas sur-le-champ les impies et les contempteurs, etc. Les saints ont ces péchés en leur chair. C’est pourquoi, à ne considérer rien de plus que la chair, on ne cesse pas de demeurer dans le temps de la loi.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 52
“Ainsi, à considérer Christ, je suis entièrement pur et saint, je ne connais nullement la loi car Christ est mon levain. Si, par contre, je considère ma chair, je sens en moi l’avarice, la volupté, la colère, l’orgueil, etc., la crainte de la mort, la tristesse, l’effroi, la haine, le murmure et l’impatience contre Dieu. Tant que ces choses sont là, Christ est absent ou, s’il est présent, c’est une présence infime. Ici le pédagogue est encore nécessaire pour exercer et secouer cet âne solide qu’est la chair, pour que, sous une telle pédagogie les péchés diminuent et que la voie soit préparée pour Christ.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 60
Par un chemin moins direct, on arrive à un résultat semblable. Il est bien connu que Luther commence les explications des Dix Commandements avec ces mots: “Nous devons craindre et aimer Dieu…“ De toute évidence, ce “nous“ inclut les chrétiens (2). Si donc, selon Luther, les chrétiens ont encore une obligation par rapport à la loi ou que la loi exige encore quelque chose des chrétiens, c’est que, d’une manière ou d’une autre, pour Luther, les chrétiens sont encore sous la loi.
L’enseignement que les chrétiens seraient sous la loi selon la chair n’est pas quelque chose de marginal chez Luther, mais une partie inséparable de ce qu’il enseigne au sujet de l’usage théologique de la loi par rapport aux chrétiens. Il constitue le fondement sur lequel repose le deuxième usage de la loi dans son application aux chrétiens. Il ne peut en effet y avoir un temps de la loi pour les chrétiens, un exercice et secouement de leur chair par le pédagogue loi, que dans la mesure où, selon la chair, ils sont encore sous la loi. Et c’est en tant que tel, que cet enseignement a été intégré aux Confessions Luthériennes. C’est ainsi que la Formule de Concorde se fait l’écho, dans la Solida Declaratio, de la dernière citation ci-dessus et de passages similaires (3).
“Quant au vieil Adam qui s’attache encore à eux, il doit être réduit à l’obéissance non seulement par la Loi, mais encore par des coups, car il fait tout par contrainte et malgré lui, de même que les impies qui sont poussés par les menaces de la Loi et forcés d’obéir (1 Co 9; Ro 7).“
La Foi des Eglises Luthériennes, SD VI, 1029, Le Cerf / Labor & Fides, 1991, p. 492
“Le vieil Adam, en effet, semblable à un âne indomptable et rétif, forme encore une partie d’eux-mêmes, qui doit être réduite à l’obéissance au Christ non seulement par les commandements, par les avertissements et les menaces de la Loi, mais encore, pour ainsi dire, par le fouet, par les châtiments et les coups, jusqu’à ce que l’homme soit entièrement délivré de cette chair de péché et parfaitement renouvelé, ce qui aura lieu à la résurrection.
Ibid. SD VI, 1031, p. 493
Je suis conscient que Luther enseigne avec beaucoup d’insistance la liberté des chrétiens par rapport à la loi, malheureusement il ne s’en tient pas là. Tôt ou tard, un “oui mais… “ apparaît dans sa présentation, après lequel il introduit la nécessité d’un temps de la loi pour la chair des chrétiens. Il restreint ensuite la liberté des chrétiens par rapport à la loi à leur conscience ou leur nouvel homme (4). Bien qu’assez longue, la prochaine citation est un exemple typique de cette façon de procéder.
“Mais, aussitôt la foi venue, nous ne sommes plus sous pédagogue
Cela veut dire que nous sommes affranchis de la loi, notre prison et notre pédagogue, car elle ne nous terrifie ni ne nous tourmente plus après que la foi a été révélée. Paul mentionne ici la foi que Christ a révélée au temps fixé. Car, ayant assumé la nature humaine, Christ vint une fois [pour toutes] dans le temps, il abrogea la loi ainsi que toutes ses suites et, par sa mort, libéra le genre humain tout entier du péché et de la mort éternelle. Si tu considères donc Christ et l’œuvre qu’il a accomplie, il n’y a plus de loi. Car, en venant lui-même au temps auparavant fixé, il a véritablement aboli la loi tout entière: cela fait, nous ne sommes plus gardés sous la tyrannie de la loi mais notre sécurité et notre bonheur sont de vivre [désormais] sous le doux règne de Christ, qui se déploie maintenant en nous par son Esprit. Or, là où est le Seigneur, là est la liberté. C’est pourquoi, si nous pouvions saisir Christ parfaitement, lui qui a abrogé la loi et qui, par sa mort, nous a réconciliés avec son Père, tout pécheurs que nous sommes, le pédagogue qu’est la loi n’aurait plus aucun droit sur nous. Mais, rebelle à la loi de l’entendement, la loi des membres fait obstacle, et nous ne pouvons pas saisir Christ parfaitement. Il n’y a donc pas de défaillance en Christ mais en nous qui n’avons pas encore dépouillé la chair à laquelle le péché demeure attaché tant que nous vivons. Ainsi, pour ce qui nous regarde, nous sommes en partie affranchis de la loi et en partie sous [le régime de] la loi. Avec Paul, nous sommes asservis à la loi de Dieu selon notre entendement, mais, selon la chair, à la loi de péché; voyez Romains 7. “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 58-59
Cela ne semble pas déranger Luther, qu’au bout du compte, il enseigne quelque chose d’autre que ce que l’apôtre a affirmé au verset 25. Quelques lignes plus loin, Luther transforme le “ne plus“, que Paul a énoncé dans ce verset, en cette affirmation radicalement différente, que la loi doit rester un pédagogue pour les chrétiens, dans la mesure où subsiste chez eux la chair.
“Il est vrai que nous sommes affectés par le péché encore attaché à notre chair et qu’il ne cesse d’accuser et de troubler la conscience. Aussi longtemps donc que la chair subsiste, la loi reste le pédagogue qui ne cesse, selon son habitude, de terrifier et de désoler la conscience par l’étalage de ses péchés et avec la menace de la mort. “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 59
Dans le sermon sur la distinction entre la loi et l’Evangile (1er janvier 1532), Luther porte à nouveau atteinte à ce passage en changeant le temps du verbe “venir“ d’un passé en un présent.
“Si à présent les deux, la loi et l’Evangile, entrent en collision, et que la loi me trouve un pécheur, m’accuse et me condamne, mais que l’Evangile par contre dise, Mat. 9:2: “Prends courage, tes péchés sont pardonnés“, tu seras sauvé; tous les deux sont Parole de Dieu; à quelle Parole donc dois-je prêter attention? C’est ce que t’enseigne Saint Paul: “Lorsque vient la foi (dit-il), nous ne sommes plus sous le pédagogue“, alors la loi cesse.“
W 2 vol. 9, c. 808 §19 (traduction de l’allemand par C.)
Luther a déjà procédé à un tel changement de temps pour Ga 3:24.
“C’est ainsi que la loi a été notre pédagogue [pour nous conduire] à Christ
De nouveau, pour ce qui touche à notre sentiment des choses, Paul conjoint la loi et l’Evangile, quelle que soit la grande distance qui les sépare eux-mêmes. Il dit, en effet: la loi est le pédagogue [qui nous conduit] à Christ. Cette image du pédagogue est très remarquable; il faut donc que nous l’examinions avec la plus grande attention.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:24 p. 55 (voir aussi Ga 3:19 p. 28 et Ga 3:20 p. 35-37)
Pour Ga 3:26, Luther ajoute un changement supplémentaire, ou à tout le moins, il omet d’utiliser le passé, qu’on trouve chez Paul, donnant ainsi à l’expression “par nature fils de la colère“ (par association) la même valeur que “pauvres pécheurs“, c’est-à-dire celle d’un présent.
“Je laisse à ceux qui ont l’art de parler le soin de dire avec plus de détails et d’ampleur la grâce et la gloire ineffables que nous avons en Jésus-Christ: que nous, pauvres pécheurs, par nature fils de la colère (Note: Chez Paul Ep 2:3: “… et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres.“) , nous soyons destinés à un honneur tel que d’être, par la foi en Christ, fils et héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, maîtres du ciel et de la terre. Aucune langue, il est vrai, qu’elle soit humaine ou angélique, ne peut proclamer cette gloire en termes dignes de sa grandeur.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:26 p. 61-62
Mais Luther ne se contente pas d’effectuer ces changements. C’est tout juste s’il ne blâme pas Paul, parce que l’enseignement de l’apôtre ne cadre pas mieux avec son enseignement à lui, sur la loi et l’Evangile. Concernant Ga 5:18, un autre passage-clé, Luther observe:
“Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi.
Paul ne peut pas reléguer dans l’oubli son enseignement de la foi, mais il ne cesse de le reprendre et de l’inculquer, même quand il est question des bonnes œuvres. On objectera ici: comment peut-il se faire que nous ne soyons pas sous la loi? C’est bien toi, Paul, qui enseignes que nous sommes liés à une chair qui convoite à l’encontre de l’Esprit, qui milite contre nous, qui nous tourmente et nous tient en captivité, etc. Et nous avons réellement le sentiment du péché, sans pouvoir nous en affranchir, quelque grande que soit notre volonté de le faire. C’est assurément [ce qui s’appelle] être sous la loi. Pourquoi nous dis-tu, Paul, que nous ne sommes pas sous la loi? “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 5:18 p. 256
Pour ce verset, Luther procède alors de la même manière que pour Ga 3:25, dans le long passage cité plus haut. La liberté des chrétiens par rapport aux accusations de la loi est d’abord affirmée, avant que ces accusations soient réintroduites, quelques lignes plus loin, pour les mêmes chrétiens.
“C’est pourquoi les fidèles ne sont pas sous la loi, quant à l’Esprit, car la loi ne peut pas les accuser ni porter de condamnation contre eux, même s’ils ont le sentiment de leur péché et confessent qu’ils sont pécheurs. Car [ce] droit a été retiré à la loi, par Christ “qui est venu sous la loi afin de racheter ceux qui étaient sous la loi“. C’est pourquoi, ce qui est [assurément] un vrai péché contre la loi, la loi ne peut pas l’accuser comme tel chez ceux qui croient.
…Ensuite, marchant par l’Esprit et conduits par lui, ils ne demeurent pas sous la loi, ce qui veut dire que la loi ne peut pas les accuser et les terrifier et que, si même elle tente de le faire, elle ne peut pas les réduire au désespoir. “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 5:18 p. 256+258
Ce que la loi ne peut pas faire, elle le fait donc quand même. Cet aspect contradictoire apparaît aussi dans le passage suivant.
“Laisse-la s’emporter [ta chair] tant qu’elle veut, mais ne lui donne pas, toi, ton assentiment: marche et laisse-toi mener par l’Esprit, de sorte que tu n’accomplisses pas ses désirs. Faisant cela, tu es libre de la loi. Il est vrai qu’elle t’accuse et t’effraie, mais c’est en vain. Dans cette lutte de la chair contre l’Esprit, il n’y a rien de mieux à faire que de garder présente la Parole et que d’y rechercher la consolation de l’Esprit. “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 5:18 p. 257
J’aimerais pouvoir évaluer le légalisme dans les Eglises Luthériennes Libres comme quelque chose de passager, comme une anomalie causée par une réaction à des circonstances extérieures, telle que la domination du rationalisme au 19e siècle, ou encore des erreurs d’appréciation en matière d’éthique chrétienne (jeux de carte, danse, etc.). Mais vu les passages cités plus haut, j’en arrive à la conclusion que le légalisme est un trait caractéristique de la prédication et de l’enseignement luthériens. Au cours du temps et suivant les circonstances, ce légalisme a pu se manifester de différentes manières; il n’en reste pas moins une constante dans ces églises.
Il est clair que dans la plupart des paroisses, cela fait longtemps que la loi et l’Evangile ne sont plus prêchés à la manière de Walther ou selon le principe de l’arrosoir (Note: d’abord une “douche“ de loi pour toute l’assemblée, et ensuite une “douche” d’Evangile), mais l’usage dit théologique de la loi continue d’être appliqué aux chrétiens, même si ce n’est que de façon tiède et sans grande conviction.
Comment peut-on s’attendre, avec Luther, à une mortification quotidienne de la chair des chrétiens ou à une diminution des péchés chez les chrétiens au moyen de la loi (5), alors que Paul enseigne que les passions des péchés sont provoquées par la loi (Ro 7:5) et que la loi est la puissance du péché (1 Co 15:56)? Non pas que Luther ait ignoré cette partie de l’enseignement de Paul; lui aussi enseigne et prêche que la loi multiplie le péché (6). Luther place simplement côte à côte ces deux groupes d’affirmations contradictoires et inconciliables.
Si donc Paul enseigne que la loi incite la chair à pécher, et que Luther a pleinement reconnu cette réalité, on pourrait se demander pourquoi, selon Luther, la chair des chrétiens doit néanmoins être et rester sous la loi. Pourquoi, d’après Luther, doit-il y avoir un temps de la loi pour les chrétiens, alors que la conséquence inévitable de l’enseignement de Paul est que la chair des chrétiens est incitée à pécher par la loi, durant un temps de la loi?
N’est-ce pas comme si un chef des pompiers avait expliqué à son équipe, qu’en soit, l’essence est un bon produit, mais qu’elle est absolument inappropriée pour combattre ou éteindre un incendie, et qu’ensuite, durant une intervention, l’un des pompiers décide quand même d’arroser de temps en temps le foyer avec de l’essence, avec la ferme conviction d’être d’une grande utilité, non seulement aux gens dans la maison en feu, mais aussi à ses collègues? Ce qui est particulièrement étrange dans ce comportement, c’est que le pompier en question a très bien compris, non seulement l’ordre du chef des pompiers de ne pas utiliser d’essence contre le feu, mais aussi la raison de cet ordre, à savoir que l’essence est un combustible qui met le feu à d’autres combustibles. Et pourtant, durant chaque intervention, il utilise de l’essence et recommande aux autres pompiers d’en faire autant. Pourquoi?
A mon avis, une partie de la réponse se trouve dans cette conviction de Luther, que j’aimerais formuler de la façon suivante: “le péché doit être matraqué“, avec pour conséquence: “en tant que pécheur, je dois être matraqué“ (7). Il n’est pas étonnant que, dans ce contexte, Luther revienne toujours à nouveau à Ro 7, en particulier Ro 7:25 (8). Ici, Paul exprime de façon irréfutable, qu’en lui, Paul, et par conséquent dans tous les chrétiens, habite le péché ou la chair, qu’avec la chair, le chrétien est esclave de la loi du péché, et que donc, selon la logique de Luther, c’est là que le matraquage doit avoir lieu. Et qu’est-ce qui convient mieux au matraquage que la loi?! Mais pour pouvoir traiter la chair de cette façon, il ne faut pas qu’elle soit libérée de la loi, mais qu’au contraire, elle soit maintenue captive sous la loi.
On pourrait à présent faire un pas de plus et demander: “Pourquoi le péché et le chrétien doivent-ils être matraqués avec la loi? Où est l’intérêt? “ Luther répond lui-même à ces questions. Il justifie la nécessité de la captivité de la chair sous la loi, par une soi-disant utilité des coups de la loi pour la sanctification des chrétiens: prise de conscience des propres péchés et du besoin du salut en Christ, soif accrue pour la grâce en Christ, davantage d’humilité, moins de péchés, mise à mort de la chair, etc. (9). Immédiatement après avoir fourni ces raisons, il mentionne une utilité supplémentaire.
“On avait demandé à quoi pouvait servir la loi, si elle ne justifie pas. Paul répond: Bien que la loi ne justifie pas, dit-il, elle n’en est pas moins très utile et nécessaire. Premièrement, dans la cité, elle tient en bride les hommes charnels et grossiers. Ensuite, elle découvre l’homme à lui-même en lui faisant connaître qu’il est pécheur, donc passible de mort et digne de la colère éternelle. Mais à quoi donc sert-il d’être humilié, brisé et broyé par ce marteau? Que la grâce puisse avoir accès auprès de nous: voilà l’utilité. Ainsi, la loi est servante de la grâce: elle nous y prépare. Car Dieu est le Dieu des humbles, des misérables, des affligés, de ceux qui connaissent l’oppression, le désespoir, et qui ont été réduits à néant. Il est de la nature de Dieu d’exalter les humbles, de nourrir les affamés, d’éclairer les aveugles, de consoler les misérables et les affligés; de justifier les pécheurs, de donner la vie aux morts, de sauver ceux qui désespèrent et qui sont condamnés, etc. Car il est le créateur tout-puissant, qui fait toutes choses à partir du néant.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 25
“Voilà donc quel est l’usage le meilleur de la loi: pouvoir en user en tant qu’elle humilie et fait que l’on a soif de Christ. Il réclame lui-même des âmes assoiffées et il les attire à lui avec beaucoup de tendresse lorsqu’il dit: “Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés, je vous restaurerai.“ C’est volontiers qu’il abreuve et arrose ces terres arides. Il ne déverse pas ses eaux sur une terre grasse et nourrie ou qui n’a pas soif. Ses biens sont inestimables. C’est pourquoi il ne les dispense qu’à ceux qui en ont besoin; ce sont les pauvres qu’il évangélise et il donne à boire à ceux qui ont soif. “Si quelqu’un a soif, dit-il, qu’il vienne à moi“, etc.; “il guérit ceux qui ont le cœur brisé“, etc. C’est dire qu’il console et sauve ceux qui sont accablés et tourmentés par la loi. La loi n’est donc pas contre les promesses de Dieu. “
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:21 p.40
Donc, à l’égard de qui Dieu est-il bien intentionné? A qui montre-t-il sa face? A qui permet-il de découvrir sa faveur? Qui est reçu par Christ à bras ouverts? Qui guérit-il? Qui console-t-il? Qui sauve-t-il?
Réponse: Ceux qui sont accablés et tourmentés par la loi.
Ainsi, la loi est conçue comme préparation à la grâce de Christ, non pas seulement au moment de la conversion, mais aussi comme une partie qui revient toujours à nouveau dans le cycle Loi-Evangile (10). A la question de savoir combien de matraquage avec la loi est requis ou approprié, Luther répond… assez, c’est-à-dire ni trop, ni trop peu. Restent les questions suivantes: C’est combien “assez“? Et qui détermine cela? Et comment peut-on être sûr qu’un tel “assez“ est véritablement suffisant? Est-ce que le matraquage de chrétiens avec la loi ne s’oppose pas directement au sacrifice expiatoire du Seigneur, à la satisfaction qu’il a effectuée sur la croix et à ses paroles “Tout est accompli“?
“Mais c’est là toute l’affaire: que celui qui est ainsi terrifié et brisé par la loi puisse se relever et dire: me voilà assez brisé et bouleversé, le temps accablant de la loi a bien assez duré. C’est maintenant le temps de la grâce, le temps d’écouter Christ, de la bouche de qui viennent les paroles de grâce.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Gal3:19 p. 25
Je crois, qu’au fond, ce qui est en cause dans ce qui précède, ce sont les besoins humains fondamentaux d’une attention favorable et d’une intimité aimante et respectueuse. Pour connaître une véritable liberté à ce niveau, il me semble capital de trouver une réponse saine et satisfaisante à ces besoins.
En fait, la limitation ou la restriction de l’office de la loi au vieil homme est purement théorique. Est-il possible de prêcher la loi de telle façon qu’elle ne s’applique qu’au vieil homme? On prêche bien toujours pour la personne entière. Si quelqu’un voulait vraiment appliquer l’enseignement de Luther dans la prédication, il faudrait qu’il prêche simultanément la loi et la grâce, tout en restreignant la loi au vieil homme et la grâce au nouvel homme. Ceci étant impossible, il est recommandé, dans la pratique de la prédication et à toutes fins utiles, de réserver un temps spécifique à l’annonce de la loi et un autre à l’annonce de l’Evangile. Ce que Walther a systématisé, à sa façon, dans “Loi et Evangile“, tout en restant fidèle à Luther (11).
Avec l’enseignement que les chrétiens sont sous la loi selon la chair, Luther a brouillé la frontière précise que Paul a établie dans ses lettres pour le domaine de gestion de la loi: hors de Christ, la loi (Ro 3:19), en Christ, la grâce (Ro 6:14; Ro 7:4). Si on écoute Luther jusqu’à la fin de ce qu’il dit à ce sujet, il est clair que, pour lui, Christ est la fin de la loi (Ro 10:4), non pas une fois pour toute, lors de l’incorporation à Christ par la foi et le baptême, et ceci pour la personne tout entière du chrétien, mais uniquement en ce qui concerne la conscience ou le nouvel homme du chrétien, et dans la mesure où le temps de la grâce ou l’Evangile remplace le temps de la loi dans le cycle Loi-Evangile (12).
A ce brouillage de frontière, chez Luther, entre le domaine de gestion de la loi et le domaine de gestion de la grâce, correspondent le remplacement de la déclaration de liberté, telle qu’on la trouve chez Paul, par une déclaration de liberté partielle (libre de la loi / libre de la loi selon la conscience ou le nouvel homme), le décalage temporel, mentionné plus haut, du passé vers le présent (la loi a été notre précepteur à Christ / la loi est notre précepteur à Christ, nous étions par nature des enfants de colère / nous sommes par nature des enfants de colère) et, finalement, le brouillage, dans l’allocution aux auditeurs, de la frontière entre ceux qui sont en Christ et ceux qui sont en dehors de Christ, au moyen de termes collectifs, comme “homme“ ou “pécheur“ (13). Quelque soit la façon dont on choisit de nommer les chrétiens, la désignation devrait quand même tenir compte, ou du moins ne pas nier, la réalité de la nouvelle naissance et du nouvel homme, ce qui n’est pas le cas du “totus peccator“ dans la façon luthérienne de désigner le chrétien comme “totus justus – totus peccator“.
Le schéma clair “avant Christ – après Christ (14), avant foi/baptême – après foi/baptême, en dehors de Christ – en Christ, sous la loi – sous la grâce“ utilisé par Paul dans ses lettres, a ainsi été transformé par Luther en un cycle dans lequel un temps spécifique est réservé à la loi et un autre à l’Evangile. Le message de la loi, comme celui de l’Evangile, est alors proclamé, chacun durant son temps, comme s’appliquant à l’ensemble de l’auditoire. Bien sûr qu’à cette occasion, l’Evangile doit toujours avoir le dernier mot, mais il doit le faire dans cette séquence, la séquence Loi-Evangile, une séquence à renouveler dimanche après dimanche.
J’aimerais vous faire parvenir plus tard la deuxième partie de la réponse, j’espère avant la fin de l’année.
Bien amicalement,
Christian
(1) “Néanmoins, le caractère définitif du changement qui, selon Paul, s’est produit avec l’arrivée du Christ, n’a pas eu tout son impact sur la distinction entre Evangile et loi dans la théologie de Luther. Et ceci est dû au fait que, contrairement à Paul, Luther conçoit la vie du chrétien dans la chair comme étant encore soumise à la loi. Paul ne dit justement pas que la vie du chrétien “dans la chair” soit encore située sous la loi, mais que le croyant doit dès à présent laisser l’Esprit gouverner sa vie terrestre (Ga 5:18; Ro 8:4) et qu’à cette occasion, il ne vit plus sous la loi, mais sous la grâce (Ro 6:12-14). “
Wolfhart Pannenberg, Systematische Theologie Band 3, Vandenhoek & Ruprecht, Göttingen 1993, p. 102 (traduction de l’allemand par C.)
Note: Wolfhart Pannenberg (1928 – 2014) est l’un des théologiens luthériens les plus influents du 20e siècle. Il a enseigné la théologie systématique de 1958 à 1961 à la Faculté de théologie de Wuppertal, de 1961 à 1967 à la Faculté de théologie de l’Université de Mayence, et de 1967 à son départ à la retraite, en 1994, à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Munich. Il a joué un rôle important dans le dialogue œcuménique avec l’Eglise catholique.
(2) Dans son ouvrage catéchétique “Kurze Auslegung der Lehrstücke des Katechismus” (Courte explication du Petit Catéchisme de Martin Luther), Schwan aborde ce sujet.
La question 12 s’intitule: “A qui Dieu s’adresse-t-il chaque fois que dans les Dix Commandements il dit: “Tu dois“ ou “Tu ne dois pas“? Réponse: A moi et à tous les autres hommes.“
Heinrich Christian Schwan, Kurze Auslegung der Lehrstücke des Katechismus, 1896 (traduction de l’allemand par C.)
Schwan ne cite pas de passages bibliques pour cette question.
Note: Le Pasteur Heinrich Christian Schwan (Horneburg, Royaume de Hanovre 1819 – Cleveland 1905) a été président de l’Eglise Luthérienne – Synode du Missouri (appelée alors Deutsche Evangelisch-Lutherische Synode von Missouri, Ohio und anderen Staaten) de 1878 à 1899. L’ouvrage de Schwan mentionné ci-dessus a été le catéchisme officiel du Synode du Missouri jusqu’au début des années 40. Il a été traduit en anglais dès 1897, puis a été adopté officiellement par le Synode en 1898
(3) “La justice chrétienne concerne l’homme nouveau; la justice de la loi concerne le vieil homme qui est né de la chair et du sang. A ce dernier, comme à l’âne, il convient d’imposer une charge qui l’accable; il ne doit pas jouir de la liberté de l’esprit ou de la grâce, à moins qu’il n’ait revêtu l’homme nouveau par la foi en Christ (ce qui n’a pas lieu pleinement en cette vie); qu’il jouisse alors du règne et du don ineffable de la grâce.“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Sommaire p. 24
“Qu’ainsi resplendisse ce soleil et cette immense lumière de l’Evangile et de la grâce, en plein jour, [et] que la lanterne de la loi soit en sa nuit. Dans ton sentiment aussi il faut distinguer entre les deux, pour que, lorsque la conscience est terrifiée à la vue de son péché, tu te dises: Tu vis encore sur terre; que l’âne y travaille, qu’il serve et qu’il porte la charge qui lui a été imposée, c’est-à-dire que le corps et ses membres soient assujettis à la loi. Mais lorsque tu montes au ciel, laisse l’âne sur terre avec ses fardeaux. Car la conscience n’a rien à voir avec la loi, les œuvres et la justice terrestre. Ainsi l’âne reste dans la vallée, mais la conscience monte avec Isaac sur la montagne, ne sachant rien de la loi ni des œuvres, mais ne considérant que la rémission des péchés et la pure justice qui est proposée et donnée en Christ.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 2:14 p. 129
“C’est pourquoi, lorsque Christ est là, nous ne devons plus rien savoir de la loi, si ce n’est que la chair relève de son règne, cette chair sur laquelle elle exerce sa contrainte et fait pression.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 4:3 p. 76
“Que les serviteurs restent avec l’âne dans la vallée, et qu’Isaac seul fasse avec son père l’ascension de la montagne. Autrement dit, que la loi exerce sa domination, tant que l’on voudra, sur le corps et sur le vieil homme; qu’il soit, lui, sous la loi et qu’il souffre qu’on le charge du fardeau, qu’il souffre d’être fatigué et maltraité par la loi, que la loi lui prescrive ce qu’il doit faire, ce qu’il doit supporter, et de quelle manière il doit se comporter avec les hommes. Mais qu’elle ne souille pas le lit où Christ seul doit se reposer et dormir, c’est-à-dire qu’elle ne vienne pas troubler la conscience. Celle-ci doit vivre seule avec Christ, son époux, dans le royaume de la liberté, dans le royaume des fils.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 4:7 p. 101-102
(4) “C’est pourquoi, lorsque je vois l’homme assez contrit, pressé par la loi, terrifié par le péché et assoiffé de consolation, il est temps pour moi d’écarter de ses yeux la loi et la justice active et, par l’Evangile, de lui proposer la justice passive. En mettant dehors Moïse et la loi, cette justice lui présente le Christ de la promesse, lequel est venu pour les affligés et pour les pécheurs. Alors, voici l’homme redressé, et qui se prend à espérer: il n’est plus sous la loi mais sous la grâce, comme le dit l’Apôtre: “Vous n’êtes plus sous la loi mais sous la grâce“. De quelle manière n’est-on plus sous la loi? Selon l’homme nouveau, que la loi ne concerne en rien. Ses limites s’étendent, en effet, jusqu’à Christ, comme Paul le dit plus bas: “La loi [dure] jusqu’à Christ“. A la venue de Christ, [le régime de] Moïse cesse, avec la loi, la circoncision; les sacrifices, le sabbat; les prophètes aussi sont abolis.“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Sommaire p. 24 (voir aussi p. 27-28)
“Paul dit une chose différente, savoir que nous, nous ne pouvons pas vivre à Dieu à moins d’être morts à la loi. Il faut donc que nous soyons élevés à cette hauteur céleste, pour être fermement assurés que nous sommes loin au-dessus de la loi; davantage, que nous sommes entièrement morts à la loi. Or, si nous sommes morts à la loi, la loi n’a certes plus aucun droit sur nous, de même qu’elle n’a aucun droit sur Christ qui nous a rachetés d’elle afin que, par ce rachat même, nous vivions à Dieu. Tout cela revient à dire que la loi ne justifie pas, mais que la foi en Christ seule le fait.
…C’est pourquoi la loi tout entière, absolument, tant la loi cérémonielle que le Décalogue, est abrogée pour le chrétien, car le chrétien est mort à cette loi.
…Ainsi sont stupéfaites et frappées de folie la raison et la sagesse humaines quand elles entendent que nous ne sommes pas justifiés à moins d’être morts à la loi: la raison ne peut pas le comprendre.
Apprenons, quant à nous, que lorsque, par la foi, nous saisissons Christ lui-même, nous entrons alors, selon la conscience, dans une nouvelle loi qui dévore l’autre loi qui nous tenait captifs. De même que le sépulcre où Christ mort gisait s’ouvre quand Christ est ressuscité, qu’on le voit vide et que Christ disparaît, ainsi, lorsque je crois en Christ, je ressuscite avec lui et je meurs à mon sépulcre, c’est-à-dire à la loi qui me tenait captif. La loi est désormais vacante, je me suis évadé de ma prison et de mon sépulcre, c’est-à-dire de la loi. Elle n’a donc plus le droit de m’accuser et de me retenir, car je suis ressuscité.
…La justice de la grâce, c’est simple, ne concerne pas la chair. La chair, en effet, ne doit pas être libre, elle doit rester au sépulcre, en prison, attachée à son grabat; elle doit être assujettie à la loi et mise à l’épreuve par les Egyptiens. La conscience chrétienne, par contre, doit être morte à la loi, c’est-à-dire libre [à l’égard] de la loi, n’avoir nulle accointance avec elle. Cet article, le plus important et le plus grand, est celui qui a le plus grand pouvoir pour la consolation des consciences affligées.
…Ces choses sont faciles à dire, mais bienheureux est celui qui les connaîtrait parfaitement dans les combats de la conscience, c’est-à-dire celui qui, sous les assauts du péché et de la loi qui l’accusent et le terrifient, pourrait dire: que m’importe que toi, la loi, tu me poursuives, que tu me convainques d’avoir commis beaucoup de péchés? Jusqu’à présent même, j’en commets chaque jour un grand nombre; cela ne me fait rien, me voici sourd, je ne t’entends pas et c’est à un sourd que tu adresses tes propos car, pour ce qui te regarde, je suis mort. Si tu veux à tout prix débattre avec moi au sujet du péché, adresse-toi à la chair et aux membres, mes serviteurs; instruis-les, mets-les à l’épreuve et crucifie-les. Quant à moi, la conscience, la maîtresse et la reine, ne m’importune pas car je n’ai pas affaire avec toi. Pour toi, je suis morte et voici que je vis à Christ; là je me trouve en une autre loi: la grâce, qui a domination sur le péché et sur la loi. Par quel moyen? Par la foi en Christ, comme Paul l’expose ci-dessous.“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 2:19 p. 168-170
“C’est pourquoi, ainsi que j’y insiste souvent, ces deux choses, la loi et la promesse, doivent être distinguées le plus soigneusement du monde; que ce soit en effet par le temps, ou par le lieu, par la personne et, en un mot, par toutes les circonstances, elles sont aussi distantes l’une de l’autre que le ciel ne l’est de la terre et le commencement du monde de sa fin. Il est vrai qu’elles sont toutes proches [aussi], car elles se rejoignent dans le même homme, ou dans la même âme. Cependant, dans le sentiment [que l’on doit en avoir] et pour ce qui touche à leur office, elles doivent être séparées autant que l’on peut, de telle sorte que la loi domine sur la chair mais que la promesse déploie son règne aimable dans la conscience.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:17 p. 12
“Il suit de là que, du point de vue de la conscience, nous sommes entièrement affranchis de la loi. Ce pédagogue ne doit donc pas dominer en elle, ce qui signifie qu’il ne doit pas la tourmenter de ses terreurs, de ses menaces ni la traiter en captive. La loi peut bien s’y efforcer par tous les moyens, la conscience n’en est nullement émue, car elle a sous les yeux Christ crucifié, qui a aboli tout office de la loi dans la conscience: “Effaçant l’acte écrit dont les dispositions se dressaient contre nous“, etc., Colossiens 2. Ainsi, comme une vierge n’a pas de connaissance [charnelle] de l’homme, la conscience, de même, ignore la loi et, plus encore, elle est morte pour la loi, comme aussi la loi est morte pour la conscience. Cela ne se fait pas par les œuvres ni par aucune justice légale, mais par la foi, qui se saisit de Christ. Il est vrai que nous sommes affectés par le péché encore attaché à notre chair et qu’il ne cesse d’accuser et de troubler la conscience. Aussi longtemps donc que la chair subsiste, la loi reste le pédagogue qui ne cesse, selon son habitude, de terrifier et de désoler la conscience par l’étalage de ses péchés et avec la menace de la mort. Cependant, la conscience est toujours relevée par la venue quotidienne de Christ. Car, de même qu’il vint dans le monde une fois, au temps fixé, pour nous racheter de l’empire cruel de notre pédagogue, ainsi vient-il chaque jour à nous, spirituellement, pour faire que nous croissions dans la foi et dans sa connaissance, afin que, de jour en jour, la conscience se saisisse mieux de lui, Jésus-Christ, et que, chaque jour davantage, la loi de la chair et du péché, la peur de la mort ainsi que tous les maux que la loi traîne après elle, perdent du terrain.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 59-60
“Avec cette allégorie, Paul montre donc très clairement la différence de la loi et de l’Evangile. Il le fait, tout d’abord, en appelant Agar l’ancienne alliance et Sara la nouvelle. Ensuite, en appelant l’une, la servante, et l’autre, la [femme] libre.
…Or, comme le peuple de la grâce n’a pas et ne peut pas avoir de loi, ainsi le peuple de la loi n’a pas et ne peut pas avoir la grâce, car il est impossible que la loi et la grâce puissent coexister. Ou bien, donc, il faut que nous soyons justifiés par la foi et que nous perdions la justice de la loi, ou, alors, que nous soyons justifiés par la loi et que nous perdions la grâce et la justice de la foi. C’est une perte indigne et malheureuse que nous subissons, lorsque nous laissons la grâce et que nous retenons la loi. C’est, par contre, une perte heureuse et salutaire, si nous laissons la loi et que nous retenons la grâce.
Nous vouons tout notre soin à montrer clairement la différence de la loi et de l’Evangile, car nous constatons que Paul s’y est appliqué sans relâche. C’est chose facile quand il ne s’agit que d’en parler. Il est également facile de discerner qu’Ismaël n’est pas Isaac et n’a pas ce qu’a Isaac. Mais que surviennent réellement les frayeurs et le combat de la mort, quand la conscience est aux prises avec le jugement de Dieu, c’est bien alors la chose la plus difficile de toutes que de pouvoir dire avec une ferme assurance: la loi ne me regarde nullement, car Sara est ma mère et elle n’enfante pas des esclaves mais des [hommes] libres et des héritiers.
…J’ai dit à plusieurs reprises, plus haut, et je le redis encore maintenant – car on ne saurait trop insister sur ce point – que le chrétien, qui, par la foi, saisit le don de Christ, n’est vraiment assujetti à aucune loi mais qu’il est libre à cet égard.
…Toi, de ton côté, quand tu entreprends de parler de l’abrogation de la loi, tu débattras principalement de la loi proprement dite et de la loi spirituelle et tu y engloberas simultanément toute la loi, sans faire de distinction entre loi judiciaire, cérémonielle et morale. Car, lorsque Paul dit que, par Christ, nous avons été délivrés de la malédiction de la loi, il parle assurément de toute la loi, et surtout de la loi morale, qui est bien la seule qui accuse, maudit et condamne les consciences, ce que ne font pas de même les deux autres parties [de la loi]. C’est pourquoi nous disons que la loi du décalogue n’a nullement le droit d’accuser et de terrifier la conscience dans laquelle règne Christ, car Christ a rendu caduc le droit ancien.
Ce n’est pas que la conscience n’éprouve nullement les terreurs de la loi: elles les ressent assurément, mais elle ne peut pas être condamnée par ces terreurs, ni poussée au désespoir, car “il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ“, [selon] Romains 8; et encore: “Si le Fils vous affranchit, vous serez libres“, [selon] Jean 8. Le chrétien peut donc bien être terrifié par la loi et connaître son péché, il n’en désespère pas, pour autant, car il croit en Christ, en lui il a été baptisé et par lui il a la rémission de ses péchés. Or, le péché nous ayant été remis par Christ, le propre Seigneur de la loi – et remis, entendons bien, par là même qu’il s’est livré en personne pour lui – celle-ci, qui est la servante, n’a plus le droit de nous accuser et de nous condamner à cause du péché, dès lors qu’il nous est remis et que nous avons été affranchis, de l’affranchissement que procure le Fils. C’est pourquoi la loi tout entière est abrogée pour ceux qui croient en Christ.
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 4:27 p. 159-162 (voir aussi Ga 4:7 p. 101 et Ga 4:9 p. 120-121)
(5) “Ainsi, tant que nous vivons dans la chair, qui n’est pas sans péché, la loi ne cesse de revenir et elle fait son office, chez l’un davantage et chez l’autre moins: ce n’est jamais en vue de la perdition, cependant, mais du salut. Car cette loi en exercice[1] est la mortification quotidienne de notre chair, de notre raison et de nos forces; c’est le “renouvellement de notre entendement“, II Corinthiens 4.“
[1] Littéralement: l’exercice de cette loi.
Martin Luther Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 60
“Ainsi, à considérer Christ, je suis entièrement pur et saint, je ne connais nullement la loi car Christ est mon levain. Si, par contre, je considère ma chair, je sens en moi l’avarice, la volupté, la colère, l’orgueil, etc., la crainte de la mort, la tristesse, l’effroi, la haine, le murmure et l’impatience contre Dieu. Tant que ces choses sont là, Christ est absent ou, s’il est présent, c’est une présence infime. Ici le pédagogue est encore nécessaire pour exercer et secouer cet âne solide qu’est la chair, pour que, sous une telle pédagogie les péchés diminuent et que la voie soit préparée pour Christ.“
Martin Luther Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 60
(6) “Il nous est donc impossible de faire la loi de la manière qu’ils le rêvent, et, bien moins encore, d’être justifiés par elle. La loi elle-même est la première à l’attester par les effets tout à fait opposés qui sont les siens. Elle accroît le péché, en effet, elle produit la colère, elle accuse, terrifie et condamne: comment pourrait-elle justifier? “
Martin Luther Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Gal 3:10 p. 259
“Et c’est ainsi que la loi pousse les hommes à la haine de Dieu la plus grande. La loi, cependant, ne se borne pas à montrer et à faire connaître le péché, mais encore, en se montrant ainsi, le péché s’accroît, s’enfle, s’allume et prend toute sa stature. C’est ce que Paul dit en Romains 7: “Pour bien se manifester comme tel, le péché m’a donné la mort par le moyen de ce qui est bon, de sorte que, par le commandement, le péché a pris toute sa virulence.“ Dans ce passage, Paul traite abondamment de cet effet de la loi.“
Martin Luther Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 25
“Dans le coeur du chrétien se retrouvent donc, l’un et l’autre, le temps de la loi et celui de la grâce. Le temps de la loi, quand la loi m’exerce, me tourmente, me contriste et m’accule à la connaissance du péché et l’accroît. La loi est alors en son office propre, que le chrétien ne cesse de connaître tout au long de sa vie.“
Martin Luther Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 51
“Ce n’est donc pas pour rien que Paul, presque à chaque ligne, inculque Christ; ce n’est pas pour rien qu’il transmet avec tant de pureté l’enseignement de la foi, à laquelle seule il attribue la justice, l’ôtant, par contre, à la loi et montrant que celle-ci va exactement à fin contraire, car elle produit la colère, elle accroît le péché, etc.“
Martin Luther Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 4:8-9 p. 106
(7) “Voilà pourquoi cet usage de la loi est fort utile et qu’il est nécessaire au plus haut point. Car, pour peu qu’un homme ne soit pas homicide, adultère, voleur, et qu’il s’abstienne des péchés manifestes, tel le pharisien bien connu, il jurerait qu’il est juste, car il est possédé du diable: il conçoit donc l’opinion [incriminée] de la justice [propre] et tire présomption de ses bonnes œuvres. Cet homme-là, Dieu ne peut l’ébranler ni l’humilier autrement que par la loi, pour qu’il reconnaisse sa misère et sa condamnation. C’est pourquoi l’usage propre, l’usage absolu de la loi, est de terrifier cette bête sauvage qui s’appelle l’opinion de la justice [propre], par l’éclair (comme sur la montagne du Sinaï), le tonnerre et la clameur de la trompette, de la consumer et de la broyer par la foudre. De là cette parole de Dieu, de Jérémie: “Ma parole est un marteau qui broie les rochers.“ Tant que cette opinion de la justice persiste chez l’homme, demeurent également un orgueil incompréhensible, la présomption, la [fausse] sécurité, la haine de Dieu, le mépris de la grâce et de la miséricorde, l’ignorance des promesses et de Christ. La prédication de la grâce gratuite et de la rémission des péchés n’entre pas dans le cœur et elle n’a pas de saveur, car un roc élevé et une muraille, dure comme le diamant, entourent le cœur et barrent la route: c’est cette opinion de la justice propre.
C’est donc un monstre de taille et horrible que cette opinion. Pour l’atteindre et le broyer, il faut à Dieu un marteau puissant: la loi, qui est un marteau mortel, un tonnerre infernal, la foudre de la colère divine. De quoi s’agit-il? De réduire cette opinion de la justice, qui est bien une bête rebelle, obstinée et dont la tête est infiniment dure. Lors donc que la loi accuse et qu’elle terrifie la conscience [en lui disant]: Tu devrais faire ceci et cela! et tu ne l’as pas fait! tu es donc passible de la colère de Dieu et de la mort éternelle! la loi est alors dans son office et sa destination propres. Le cœur est alors broyé jusqu’au désespoir. Ce sont cet usage et cet office de la loi qu’éprouvent les consciences terrifiées et désespérées, qui attendent la mort et vont jusqu’à la désirer ou à se la donner, tant est grande cette angoisse de la conscience.
La loi est donc un marteau qui broie le rocher, elle est un feu, elle est le grand souffle du vent, la secousse puissante qui renverse les montagnes. Incapable de supporter les terreurs de la loi ainsi signifiées, Elie se couvrit la tête de son manteau – I Rois 19. Cependant, comme la tempête dont il était témoin venait à cesser, un souffle léger se fit entendre dans les airs: le Seigneur s’y trouvait. Mais il fallait que la tourmente de feu, du vent tourbillonnant et du tremblement de terre vinssent auparavant, avant que le Seigneur lui-même suivît, dans le murmure du doux zéphyr.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 21
“C’est ce qui finit par arriver à tous les faiseurs de justice qu’enivre l’opinion de leur justice. Ils pensent, imperturbablement, que Dieu les aime plus que tout, que Dieu considère leurs vœux, leurs jeûnes, leurs petites oraisons et leurs aumônes, en retour de quoi il leur accordera une couronne de choix dans le ciel. Mais que le tonnerre, la foudre, le feu et ce marteau qui broie le roc, c’est-à-dire la loi de Dieu qui révèle le péché, surviennent à l’improviste et fassent apparaître la colère et le jugement de Dieu, et les voici acculés au désespoir.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 22-23
“Il ne permet pas que ce fléau infiniment nuisible qu’est l’opinion de la [propre] justice s’empare de ce qui est son œuvre naturelle et propre: cette opinion de la propre justice qui ne veut être ni pécheresse, ni impure, ni misérable et condamnée mais juste, sainte, etc. Il faut donc que Dieu se serve de ce marteau: la loi, pour qu’elle rompe, brise, broie et réduise à néant cette bête sauvage et sa vaine assurance, sa sagesse, sa justice, son pouvoir, etc., pour qu’elle finisse par se reconnaître perdue et condamnée par son mal. A ce point, alors que la conscience est ainsi terrifiée par la loi, l’enseignement de l’Evangile et de la grâce intervient: il relève et console, disant que Christ n’est pas venu dans le monde pour briser le roseau froissé, pour éteindre le lumignon qui fume, mais pour annoncer l’Evangile aux pauvres, pour apporter la guérison à ceux dont le cœur est brisé, pour prêcher la délivrance aux captifs, etc.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 25
Dans le commentaire, Luther compare la loi à un marteau à 9 reprises. Les 3 endroits qui ne sont pas cités dans cette note sont: Ga 3:19 p. 25 (cité après (9) dans le corps de la lettre), Ga 3:19 p. 26 (cité dans la note 9) et Ga 3:23 p. 46 (cité dans la note 13).
(8) “Or, justifiés par la foi, comme les patriarches, les prophètes et tous les saints, nous ne relevons pas des œuvres de la loi, pour autant qu’il s’agit de la justification. Tout le temps que nous demeurons dans cette chair et que nous avons encore [en nous-mêmes] les restes du péché, nous sommes sous la loi (non pas, cependant, sous la malédiction, car, à cause de Christ, en qui nous croyons, cela [ne] nous est [pas] imputé. Car la chair est l’ennemie de la loi de Dieu et non seulement la convoitise n’accomplit pas la loi, mais elle pèche en outre contre la loi; davantage encore, elle combat contre nous et elle nous réduit en servitude: Romains 7.“ Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:12 p. 280
“C’est pourquoi, si nous pouvions saisir Christ parfaitement, lui qui a abrogé la loi et qui, par sa mort, nous a réconciliés avec son Père, tout pécheurs que nous sommes, le pédagogue qu’est la loi n’aurait plus aucun droit sur nous. Mais, rebelle à la loi de l’entendement, la loi des membres fait obstacle, et nous ne pouvons pas saisir Christ parfaitement. Il n’y a donc pas de défaillance en Christ mais en nous qui n’avons pas encore dépouillé la chair à laquelle le péché demeure attaché tant que nous vivons. Ainsi, pour ce qui nous regarde, nous sommes en partie affranchis de la loi et en partie sous [le régime de] la loi. Avec Paul, nous sommes asservis à la loi de Dieu selon notre entendement, mais, selon la chair, à la loi de péché; voyez Romains 7.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:25 p. 59
“Voilà, en effet, ce que c’est que d’être conduit ou entraîné par l’Esprit. Alors, vous n’êtes pas sous la loi. C’est ainsi que Paul parle de son propre cas, en Romains 7: “Par l’entendement, je suis asservi à la loi de Dieu“; c’est-à-dire: quant à l’Esprit, je ne suis coupable d’aucun péché, “mais, quant à la chair, je suis asservi à la loi du péché“. C’est pourquoi les fidèles ne son pas sous la loi, quant à l’Esprit, car la loi ne peut pas les accuser ni porter de condamnation contre eux, même s’ils ont le sentiment de leur péché et confessent qu’ils sont pécheurs. Car [ce] droit a été retiré à la loi, par Christ “qui est venu sous la loi afin de racheter ceux qui étaient sous la loi“. C’est pourquoi, ce qui est [assurément] un vrai péché contre la loi, la loi ne peut pas l’accuser comme tel chez ceux qui croient.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 5:18 p. 256
(9) “C’est pourquoi, après que la loi t’a humilié, terrifié et entièrement brisé, tellement que tu es presque désespéré, veille à bien savoir te servir de la loi. Car son office et son usage ne sont pas seulement de montrer le péché et la colère de Dieu mais encore de te jeter vers Christ. Le Saint-Esprit seul conduit à cet usage de la loi et l’Evangile l’enseigne car l’Evangile seul dit que Dieu est près de ceux qui ont le cœur contrit. Si donc tu es brisé par ce marteau, ne fais pas mauvais usage de l’état où tu te trouves, en te chargeant d’un plus grand nombre de lois, mais entends Christ te dire: “Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai.“ Alors que ta cause est entièrement désespérée, si la loi te pousse à chercher secours et consolation auprès de Christ, elle est alors en son usage véritable et, ainsi, par le moyen de l’Evangile, elle sert à la justification. Et c’est là l’usage de la loi le meilleur et le plus parfait.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 26
“En outre, bien que la loi révèle et accroisse le péché, elle n’est pas pour autant contre les promesses de Dieu: bien davantage, elle est en leur faveur. A la considérer dans son œuvre propre, son œuvre parfaite, elle humilie et prépare l’homme à soupirer après la grâce et à la rechercher, pourvu qu’il fasse d’elle l’usage convenable. Lorsque, en effet, le péché est mis en évidence et qu’il s’accroît par la loi, l’homme commence alors vraiment à voir l’impiété et l’inimitié du cœur humain envers la loi et envers Dieu qui en est l’auteur. Il sent alors sérieusement que, non seulement il n’aime pas le Dieu tout-bon et sa loi très sainte, mais qu’il éprouve pour eux une haine blasphématoire. Le voici alors contraint d’avouer qu’il n’y a vraiment rien de bon en lui. Et, ainsi brisé et humilié par la loi, il se connaît véritablement misérable et condamné. La loi donc, en le forçant ainsi à reconnaître sa malice et à confesser de tout cœur son péché, en a fini avec son office propre; son temps est accompli et le temps de la grâce est arrivé: le temps que vienne la postérité bénie, qui redresse l’homme brisé et blessé par la loi et qui le console.
…Il ne prend pas garde à la douceur des choses, celui qui n’a pas goûté l’amertume. La faim est le meilleur des cuisiniers [= justification logique du principe de l’arrosoir. Note de C.]. De même donc que la terre aride est assoiffée de pluie, ainsi la loi fait-elle que les cœurs troublés ont soif de Christ. Pour eux, la saveur de Christ est très douce, pour eux, il est joie, consolation et vie. C’est alors que Christ commence à être bien connu, lui et son office.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:21 p. 39-40
“Après ces réfutations et ces argumentations, Paul s’attache assez longuement et avec fruit à enseigner qu’à bien entendre son véritable et son meilleur usage, la loi n’est rien d’autre qu’une pédagogie [pour conduire] à la justice. Car elle humilie les hommes et les rend propres à la justice de Christ, lorsqu’elle s’acquitte de son office propre en les accusant, en les terrifiant, en les acculant à la connaissance de leur péché, de la colère, de la mort et de l’enfer. Cela fait, ce que l’on pensait d’une propre justice et d’une propre sainteté disparaît, la douceur de Christ se met à rayonner ainsi que ses bienfaits. C’est pourquoi la loi n’est pas contre les promesses de Dieu mais, bien plutôt, pour elles. Si elle n’accomplit pas la promesse et ne procure pas la justice, c’est cependant en s’acquittant de son office et par l’usage [que l’on en fait] qu’elle nous humilie et nous rend propres à [recevoir] la grâce et les bienfaits de Christ.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:21 p. 42
“Ainsi, la loi est, en quelque sorte, l’auteur d’une impulsion qui jette les affamés au-devant de Christ, pour qu’il les comble de ses biens. L’office propre de la loi est de nous rendre coupables, de nous humilier, de nous mettre à mort, de nous mener en enfer et de nous dépouiller de tout, mais cela, afin de nous justifier, de nous relever, de nous donner la vie, de nous transporter au ciel et de nous faire acquérir toutes choses. Elle ne nous met pas à mort sans plus: elle met à mort pour que nous ayons la vie.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 55
(10) “C’est donc au-delà de la lumière de la loi et de la raison et plus haut qu’elles que l’Evangile nous conduit, dans les ténèbres de la foi, où la loi et la raison n’ont que faire. La loi aussi [sans doute,] doit être entendue, mais à son heure et en son lieu. Alors qu’il est sur la montagne, où il s’entretient face à face avec Dieu, Moïse n’a pas de loi, il ne l’établit pas ni n’en assure l’application. Mais, lorsqu’il descend de la montagne, il est législateur et il gouverne le peuple par la loi. Qu’ainsi la conscience soit libre à l’égard de la loi mais que le corps obéisse à la loi.“
Martin Luther Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 2:13 p. 127
“ En outre, bien que la loi révèle et accroisse le péché, elle n’est pas pour autant contre les promesses de Dieu: bien davantage, elle est en leur faveur. A la considérer dans son œuvre propre, son œuvre parfaite, elle humilie et prépare l’homme à soupirer après la grâce et à la rechercher, pourvu qu’il fasse d’elle l’usage convenable. Lorsque, en effet, le péché est mis en évidence et qu’il s’accroît par la loi, l’homme commence alors vraiment à voir l’impiété et l’inimitié du cœur humain envers la loi et envers Dieu qui en est l’auteur. Il sent alors sérieusement que, non seulement il n’aime pas le Dieu tout-bon et sa loi très sainte, mais qu’il éprouve pour eux une haine blasphématoire. Le voici alors contraint d’avouer qu’il n’y a vraiment rien de bon en lui. Et, ainsi brisé et humilié par la loi, il se connaît véritablement misérable et condamné. La loi donc, en le forçant ainsi à reconnaître sa malice et à confesser de tout cœur son péché, en a fini avec son office propre; son temps est accompli et le temps de la grâce est arrivé: le temps que vienne la postérité bénie, qui redresse l’homme brisé et blessé par la loi et qui le console.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:21 p. 39
“Enfermés pour la foi qui devait être révélée
Paul parle ici du temps de l’accomplissement: le temps où Christ est venu. Mais toi, ne te borne pas à l’appliquer [ces paroles] à ce temps-là: applique-les aussi à ce qui se passe dans ton cœur. Car ce qui est arrivé historiquement et temporellement lorsque Christ vint: la loi abrogée et la liberté ainsi que la vie éternelle mises en pleine lumière, cela arrive spirituellement chaque jour en particulier, en tout chrétien, en qui l’on voit ainsi se succéder le temps de la loi et le temps de la grâce.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 50-51
(11) Dans l’édition de 1897 de “Die rechte Unterscheidung von Gesetz und Evangelium“ (“La juste distinction entre la Loi et l’Evangile“) publiée par Concordia Publishing House, l’éditeur indique, dès le début de la préface, la relation qui existe entre cet ouvrage de Walther et l’édition de 1893 de “Gesetz und Evangelium“ (“Loi et Evangile“), du même auteur.
“Il y a quatre ans, notre maison d’édition a publié dix cours du soir tenus en 1878 par le Dr Walther pour ses étudiants, sous le titre “Loi et Evangile. Du Dr C.F.W. Walther. Rassemblés à partir de ses écrits.“
Le présent ouvrage propose au lecteur bienveillant trente-neuf cours du soir du Dr Walther concernant la juste distinction entre la Loi et l’Evangile, sur la base de vingt-cinq thèses. Ces trente-neuf cours ont été tenus par le bienheureux auteur en 1884-85 et font ainsi partie des derniers travaux du professeur béni de Dieu. Ils constituent une extension et un développement de la première série de cours à ce sujet.“
Il existe donc, entre les deux ouvrages, une continuité qu’on peut déjà reconnaître au fait que les thèses du premier ouvrage ont été reprises mot pour mot dans l’ouvrage ultérieur. C’est ainsi que dans l’édition de 1897, on trouve également le conseil de Walther aux futurs pasteurs, non seulement de prêcher la loi dans toute sa rigueur durant le temps supposé nécessaire de la loi, mais aussi de transformer les enfants en pauvres pécheurs durant l’instruction catéchétique sur les Dix Commandements.
Dans cette édition, cependant, Walther mentionne aussi les mouvements d’humeur, chez certains, en raison de cette façon de prêcher.
“Le prédicateur doit prêcher la loi de telle manière qu’il n’y reste rien d’agréable pour nous pécheurs perdus et condamnés.“ p. 74
“Chaque fois que vous prêchez la loi, il faut que vous sachiez ceci: la loi ne cède rien. La loi ne connaît aucune indulgence, elle ne sait qu’exiger. La loi dit: “Tu dois faire ceci! Et si tu ne le fais pas, aucune patience, aucune bonté, aucune indulgence ne sert à quoi que ce soit; il faut que tu ailles en enfer.“ p. 74
“C’est ainsi qu’on peut entendre des gens dire: “Ah non, je ne vais pas retourner dans cette église, il y a de quoi angoisser!. Je préfère bien mieux aller chez le Pasteur Untel. On s’y sent tellement à l’aise, et puis on se rend compte à quel point on est quelqu’un de bien.“ p. 76
“C’est là donc que Dieu nous a dit (remise de la loi à Moïse sur le mont Sinaï) comment nous devons prêcher la loi. Bien sûr, nous ne pouvons plus percevoir le tonnerre et les éclairs, mais de façon spirituelle, nous pouvons le faire. Oh qu’est salutaire un sermon, lorsqu’on est assis à l’église et que le prédicateur commence à exposer la loi dans toute sa rigueur et à en interpréter le sens spirituel! Beaucoup de gens assis dans les bancs se disent alors: “Si cet homme a raison, tu es perdu!“ Il est vrai que certains vont penser: “Ah non, un prédicateur évangélique ne doit pas agir ainsi! “ Bien sûr qu’il doit agir ainsi, sinon il n’est pas un prédicateur évangélique. Si la loi ne vient pas d’abord, l’Evangile n’a pas d’effet. D’abord Moïse, ensuite Christ; ou d’abord Jean-Baptiste, et ensuite Christ! Et maintenant, le prédicateur en arrive à l’Evangile avec des yeux rayonnants. Les gens se réjouissent alors et comprennent pourquoi le prédicateur a commencé son sermon de cette manière; c’est pour qu’ils réalisent à quel point ils sont souillés par des péchés.
Et c’est également ce que vous devez faire durant la catéchèse. Ne mélangez surtout rien d’évangélique à la catéchèse lorsque vous abordez la loi, tout au plus à la fin! Car, à cette occasion, les petits enfants aussi doivent avoir peur et être angoissés, il faut aussi qu’ils fassent cette expérience. C’est la raison pour laquelle tant de gens croient être des chrétiens tout à fait bien, mais ce sont de misérables pharisiens, et c’est ainsi que les parents les ont éduqués, leurs parents n’en ont pas fait de pauvres pécheurs.“ p. 76-77
De façon fondamentale, Walther semble subdiviser l’humanité, ainsi que l’Eglise assemblée pour le culte, en deux groupes: d’un côté les pécheurs endurcis, de l’autre les pécheurs misérables et effrayés.
“La loi et l’Evangile diffèrent enfin sixièmement en ce qui concerne les personnes auxquelles l’un et l’autre doivent être prêchés. Il y a donc une différence au niveau des destinataires… La loi doit être prêchée aux pécheurs endurcis et l’Evangile aux pécheurs effrayés.“ p. 16
“Tant qu’un homme se sent encore à l’aise dans ses péchés, tant qu’il n’est pas prêt à abandonner tel ou tel péché, il ne faut lui prêcher que la malédiction et la condamnation de la loi. Mais dès qu’il prend peur, il faut promptement lui annoncer l’Evangile, car alors il ne fait plus partie des pécheurs endurcis.“ p. 16
“A de tels pécheurs misérables et affligés, par contre, il ne faut pas prêcher un mot de loi. Malheur au prédicateur qui annonce encore la loi à un tel pécheur languissant! “ p. 17 (traduction de l’allemand par C.)
Avec une telle approche, où reste-t-il de la place pour une vie chrétienne orientée vers la croissance et la production de fruits, pour une vie chrétienne telle qu’elle est présentée et encouragée dans les lettres de Paul, et en fait dans tout le Nouveau Testament?
Les passages bibliques suivants reflètent cette orientation de base du Nouveau Testament, et figurent in extenso en fin de note.
Mt 21:33-34; Mc 4:20; Lc 19:16-17; Jn 15:1-2; Ac 9:36; Ro 14:19; 1 Co 15:58; 2 Co 8:7; Gal 6:9-10; Ep 2:10; Ep 4:11-16; Ph 1:9-11; Ph 4:17; Col 1:9-11; 1 Th 3:12-13; 1 Th 4:1-2; 2 Th 3 :13; 1 Ti 6:17-19; 2 Ti 2 :22; Tit 2:11-14; Hé 12:1-2; Ja 1:2-4; Ja 2:15-17; 1 Pi 1:13-16; 2 Pi 1:5-11; 1 Jn 3:16-18; Ap 2:2-5; Ap 2:19.
Note: Le Pasteur Carl Ferdinand Wilhelm Walther (Langenchursdorf, Royaume de Saxe 1811 – Saint Louis 1887) a largement contribué à la création de l’Eglise Luthérienne – Synode du Missouri (1847), et en a été le premier président de 1847 à 1850, avec une deuxième période de présidence de 1864 à 1870.
A travers son ministère pastoral auprès des immigrants de Saxe, en particulier comme pasteur de la Trinity Lutheran Church, à Saint Louis, de 1841 à sa mort en 1887, son enseignement de la théologie de 1850 à 1857, ses écrits et son engagement pour le Luthéranisme confessionnel, il a exercé une influence majeure, non seulement au sein du Synode du Missouri, mais aussi parmi des Luthériens confessionnels en Europe, par exemple en Saxe, via la “Evangelisch-Lutherische Freikirche“ (Eglise Evangelique Lutherienne Libre), et en Alsace, où bon nombre de pasteurs des paroisses protestataires, et plus tard de l’Eglise Evangélique Luthérienne – Synode de France et de Belgique, ont été formés par le Synode du Missouri (par ex. Pasteurs Strassen, Sengele, Michalk, Muller, Kreiss, Wolff).
Mt 21:33-34 “Ecoutez encore une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne. Il l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l’afferma à des vignerons, et quitta le pays. Lorsque le temps de la récolte fut arrive, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne”
Mc 4:20 “D’autres reçoivent la semence dans la bonne terre; ce sont ceux qui entendent la parole, la reçoivent, et portent du fruit, trente, soixante, et cent pour un.”
Lc 19:16-17 “Le premier vint, et dit: Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. Il lui dit: C’est bien, bon serviteur; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes.”
Jn 15:1-2 “Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de fruit.”
Ac 9:36 “Il y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme nommée Tabitha, ce qui signifie Dorcas: elle faisait beaucoup de bonnes oeuvres et d’aumônes.”
Ro 14:19 “Ainsi donc, recherchons ce qui contribute à la paix et à l’édification mutuelle.”
1 Co 15:58 “Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.”
2 Co 8:7 “De même que vous excellez en toutes choses, en foi, en parole, en connaissance, en zèle à tous égards, et dans votre amour pour nous, faites en sorte d’exceller aussi dans cette oeuvre de bienfaisance.”
Gal 6:9-10 “Ne nous lassons pas de faire le bien; car nous moissonneront au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi.”
Ep 2:10 “Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a preparées d’avance, afin que nous les pratiquions.”
Ep 4:11-16 “Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangelistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ; ainsi, nous ne serons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais en professant la vérité dans l’amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ,. C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour.”
Ph 1:9-11 “Et ce que je demande dans mes prières, c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.”
Ph 4:17 “Ce n’est pas que je recherche les dons, mais je recherche le fruit qui abonde pour votre compte.”
Col 1:9-11 “C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous; nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portants des fruits en toutes sortes de bonnes oeuvres et croissant par la connaissance de Dieu, fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients.”
1 Th 3:12-13 “Et que le Seigneur fasse croître et abonder l’amour que vous avez les uns pour les autres, et pour tous, à l’exemple de celui que nous avons pour vous; qu’il affermisse vos coeurs pour qu’ils soient irréprochables dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints.”
1 Th 4:1-2 “Au reste, frères, puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c’est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès. Vous savez, en effet, quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus.”
2 Th 3 :13 “Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien.”
1 Ti 6:17-19 “Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes oeuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable.”
2 Ti 2 :22 “Fuis les passions de la jeunesse, et recherché la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur.”
Tit 2:11-14 “Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle present selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un people qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes oeuvres.”
Hé 12:1-2 “Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous envelope si facilement, et courons avec perséverance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection; en échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.”
Ja 1:2-4 “Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son oeuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien.”
Ja 2:15-17 “Si un frère ou une soeur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? Il en est ainsi de la foi: si elle n’a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même”
1 Pi 1:13-16“C’est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus-Christ apparaîtra. Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance. Mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit: Vous serez saints, car je suis saint.”
2 Pi 1:5-11 “A cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la patience, à la patience la piété, à la piété l’amitié fraternelle, à l’amitié fraternelle l’amour. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés. C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre election; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera largement accordée.”
1 Jn 3:16-18 “Nous avons connu l’amour, en ce qu’il a donné sa vie pour nous; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité.”
Ap 2:2-5 “Je connais tes oeuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé. Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres; sinon je viendrai à toi, et j’ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes.”
Ap 2:19 “Je connais tes oeuvres, ton amour, ta foi,, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières oeuvres plus nombreuses que les premières.”
(12) “Paul dit une chose différente, savoir que nous, nous ne pouvons pas vivre à Dieu à moins d’être morts à la loi. Il faut donc que nous soyons élevés à cette hauteur céleste, pour être fermement assurés que nous sommes loin au-dessus de la loi; davantage, que nous sommes entièrement morts à la loi. Or, si nous sommes morts à la loi, la loi n’a certes plus aucun droit sur nous, de même qu’elle n’a aucun droit sur Christ qui nous a rachetés d’elle afin que, par ce rachat même, nous vivions à Dieu. Tout cela revient à dire que la loi ne justifie pas, mais que la foi en Christ seule le fait.
…La justice de la grâce, c’est simple, ne concerne pas la chair. La chair, en effet, ne doit pas être libre, elle doit rester au sépulcre, en prison, attachée à son grabat; elle doit être assujettie à la loi et mise à l’épreuve par les Egyptiens. La conscience chrétienne, par contre, doit être morte à la loi, c’est-à-dire libre [à l’égard] de la loi, n’avoir nulle accointance avec elle. Cet article, le plus important et le plus grand, est celui qui a le plus grand pouvoir pour la consolation des consciences affligées.“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 2:19 p. 168+170
“Afin que je vive à Dieu
C’est-à-dire: pour que je sois vivant devant Dieu. Tu vois donc qu’il n’y a pas de vie si tu n’es pas sans la loi; davantage encore, si tu n’es pas entièrement mort à la loi. Je précise bien qu’il en est ainsi pour ce qui concerne la conscience. Pour le présent, cependant, tant que le corps est en vie, la chair doit être exercée par les lois et tourmentée par les exigences et les peines de la loi. Mais l’homme intérieur, celui qui ne doit rien à la loi et qui, bien plus, est affranchi de son joug, est une personne vivante, juste et sainte, non pas de soi ou en sa [propre] substance, mais en Christ, car il croit en lui, comme l’indique la suite:“
Martin Luther, Œuvres Tome XV – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 2:19 p. 176
“Ici encore, nous voyons que, radicalement distincts et séparés l’un de l’autre, plus que ne le sont des [propositions] contradictoires, la loi et l’Evangile sont étroitement unis dans l’intention. C’est ce que Paul signifie en disant que “sous la loi, nous étions gardés, enfermés pour la foi qui devait venir“. Enfermés sous la loi: ce n’est pas assez dire, car, si rien d’autre ne devait suivre, nous serions contraints de désespérer, de mourir dans nos péchés, etc. Mais Paul ajoute que ce n’est pas pour l’éternité que nous sommes enfermés et tenus en bride par le pédagogue, qui est la loi, mais pour Jésus-Christ, qui est la fin de la loi.
…Ainsi donc que, dans le cadre de la cité, la détention ou la prison est vraiment une épreuve physique, dans laquelle celui qui se trouve enfermé est privé de l’usage de son corps, au sens théologique du terme, la prison est un trouble profond et une angoisse de l’âme, où celui qui se trouve enfermé est privé de la paix de la conscience et du repos du cœur. Ce n’est cependant pas pour toujours, comme en juge la raison, au moment où est endurée cette épreuve de la prison, mais “en vue de la foi à venir“.
Il faut donc raffermir et consoler le cœur enfermé sous la loi, en lui disant: frère, il est vrai que tues enfermé; mais sache bien qu’il ne s’agit pas pour toi de rester perpétuellement enfermé dans cette prison, car il est écrit que nous y sommes enfermés en vue de la foi à venir. Ce n’est donc pas pour ta perte que cette épreuve de la prison t’afflige, mais pour que tu sois recréé par [celui qui est] la postérité bénie; tu es mis à mort par la loi, afin d’être vivifié par Christ.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 48-49
“Dans le coeur du chrétien se retrouvent donc, l’un et l’autre, le temps de la loi et celui de la grâce. Le temps de la loi, quand la loi m’exerce, me tourmente, me contriste et m’accule à la connaissance du péché et l’accroît. La loi est alors en son office propre, que le chrétien ne cesse de connaître tout au long de sa vie.
…Le temps de la grâce: lorsque le cœur est redressé par la promesse de la miséricorde gratuite de Dieu et qu’il dit: “Pourquoi es-tu triste, mon âme et pourquoi me troubles-tu? “ Tu ne vois donc rien de plus que la loi, le péché, la terreur, la tristesse, le désespoir, la mort, l’enfer et le diable? La grâce n’est-elle pas là, elle aussi, et la rémission des péchés, et la justice, et la consolation, et la joie, et la paix, et la vie, et le ciel, et Dieu, et Christ? Cesse donc, mon âme, de me troubler. Qu’est la loi, que sont le péché et tous les maux, en comparaison de ces choses? Espère en Dieu, qui n’a pas épargné son propre Fils mais qui l’a livré à la mort de la croix pour tes péchés. Cet emprisonnement sous la loi se rapporte à la chair, il n’est pas pour toujours, mais en vue de Christ qui vient. Quand donc tu es terrifié par la loi, voici ce que tu dois dire: Dame loi, il n’y a pas que toi, tu n’es pas tout mais il y a, au-delà de toi, quelque chose de plus grand et de meilleur: c’est la grâce, c’est la foi, la bénédiction, etc. La grâce ne m’accuse pas, elle ne me terrifie pas ni ne me condamne mais elle me console, elle m’ordonne d’avoir bon espoir et me promet une victoire certaine et le salut en Christ. Il n’a a donc pas lieu, pour moi, de désespérer.
…Le chrétien est ainsi partagé entre deux temps. Chair, il est sous la loi; esprit, il est sous l’Evangile. La convoitise, l’avarice, l’ambition, l’orgueil, etc., demeurent continuellement attachés à la chair. Elle reste ignorante, elle méprise Dieu, elle est impatiente et murmure, elle s’irrite contre Dieu parce qu’il se met en travers de dos desseins et de nos efforts, parce qu’il ne punit pas sur-le-champ les impies et les contempteurs, etc. Les saints ont ces péchés en leur chair. C’est pourquoi, à ne considérer rien de plus que la chair, on ne cesse pas de demeurer dans le temps de la loi. Mais “il faut que ces jours soient abrégés, faute de quoi nulle chair ne serait sauvée“. Il faut qu’un terme soit imposé à la loi, où elle cesse d’être. Car le temps de la loi n’est pas à perpétuité, mais il a une fin: Christ. Mais le temps de la grâce est éternel, car Christ, mort une fois, ne meurt plus. Il est éternel: le temps de la grâce, lui aussi, est donc éternel.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 51-53
“Ici, il ne faut pas perdre de vue ce que dit St Paul: “Avant que la foi vienne, nous étions gardés et enfermés sous la loi“ etc. afin qu’un chrétien sache faire la distinction entre la loi et l’Evangile, entre l’œuvre et la foi, en particulier in finali et materiali causa, et qu’il s’adresse ainsi à la loi: Certes, tu exiges beaucoup et tu prononces une lourde condamnation sur ceux qui ne peuvent pas donner, mais sais-tu aussi jusqu’où doit aller ton règne? As-tu oublié qu’une limite lui est fixée dans le temps, comme le dit St Paul: “Quand vient la foi, la loi doit cesser et ne plus exiger, effrayer, condamner?“
W 2 vol. 9, Sermon sur la distinction entre la loi et l’Evangile (1er janvier 1532) c. 804-805 § 12 (traduction de l’allemand par C.)
“Car le vieil homme doit être lié et maintenu captif sous la loi afin qu’elle nous arrête, nous pousse et nous soumette à ses exigences de sorte que nous n’en fassions pas à notre tête. Mais une telle contrainte et prison ne doit durer que jusqu’à ce que l’Evangile soit manifesté et qu’on prenne conscience comment nous devons croire en Christ. Alors je dis: “Loi, lève-toi, je ne veux pas être plus longtemps maintenu captif par toi dans mon coeur, comme si je devais placer ma confiance dans le fait d’avoir accompli ceci ou cela, ou encore désespérer de ne pas l’avoir accompli.“
W 2 vol. 9, Sermon sur la distinction entre la loi et l’Evangile (1er janvier 1532) c. 809 § 21 (traduction de l’allemand par C.)
(13) “Le second usage de la loi est l’usage théologique ou spirituel, qui est d’accroître les transgressions. C’est à cela que tend surtout la loi de Moïse: il s’agit que, par elle, le péché croisse et qu’il se multiplie, avant tout dans la conscience. Paul en traite abondamment en Romains 7. Le véritable office, l’office propre et principal de la loi, est de révéler à l’homme son péché, son aveuglement, sa misère, son impiété, son ignorance, la haine et le mépris qu’il voue à Dieu, la mort, l’enfer, le jugement et la colère méritée au regard de Dieu. Cet usage-là de la loi est entièrement inconnu des hypocrites, des sophistes au sein des universités et parmi tous les hommes qui vivent imbus de la justice de la loi ou d’une propre justice.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:19 p. 20
“Cependant, bien que la loi mette à mort, Dieu se sert de cet effet de la loi, c’est-à-dire de cette mort, pour un bon usage, savoir en vue de la vie. Car, voyant que l’hypocrisie, cette assurance d’une propre sainteté, ce fléau si répandu sur toute la terre, ne pouvait être réprimée et anéantie par rien d’autre, Dieu a voulu qu’elle fût mise à mort par la loi. Ce n’était pas là le dessein définitif, mais pour que, cette assurance une fois morte, l’homme fût relevé et que, au-delà de la foi, il entendit cette voix: “Ne crains pas.“ Je ne t’ai donné la loi et je ne t’ai pas donné la mort par elle pour que tu demeures dans cette mort mais pour que tu me craignes et que tu vives. En effet, la présomption des bonnes œuvres et de la [propre] justice ne laisse pas de place à la crainte de Dieu. Or, là où la crainte de Dieu n’est pas, il ne peut y avoir faim et soif de la grâce et de la vie. Il faut donc que Dieu ait un marteau solide pour briser les pierres et un feu en plein ciel, dont l’ardeur renverse les montagnes. En fait, c’est pour réprimer la présomption, cette bête opiniâtre et sournoise, et afin que, réduit à néant par cet écrasement, l’homme désespère de ses forces, de sa justice et de ses œuvres et qu’il soit dans l’épouvante en présence de Dieu et qu’ainsi épouvanté il ait soif de miséricorde et du pardon de ses péchés.“
Martin Luther, Œuvres Tome XVI – Commentaire de l’épître aux Galates Ga 3:23 p. 46
“Quand donc la conscience est véritablement touchée, qu’elle sent vraiment le péché, qu’elle est aux prises avec des angoisses mortelles, qu’elle est accablée par la guerre, la pestilence, la pauvreté, la honte et des malheurs semblables, et qu’ensuite la loi dit: Tu es condamné et digne de mourir, j’exige telle et telle chose de toi, tu n’as pas fait ceci et tu en as été incapable, quand donc [dis-je] la loi frappe ainsi et effraie l’homme avec la peur de la mort et de l’enfer, et le désespoir, alors il est grand temps de savoir distinguer entre la loi et l’Evangile, et de montrer à chacun sa place. Qu’ici distingue quiconque sait distinguer, car le moment et la nécessité de distinguer s’imposent.“
W 2 vol. 9, Sermon sur la distinction entre la loi et l’Evangile (1er janvier 1532) c. 804 § 11 (traduction de l’allemand par C.)
“Car Dieu a donné ces deux paroles distinctes, la loi et l’Evangile, l’une aussi bien que l’autre, et chacune avec sa consigne: à la loi d’exiger de chacun une justice parfaite, à l’Evangile d’offrir par grâce à ceux qui ne l’ont pas (c’est-à-dire à tous les hommes) la justice exigée par la loi.“
W 2 vol. 9, Sermon sur la distinction entre la loi et l’Evangile (1er janvier 1532) c. 806 § 16 (traduction de l’allemand par C.)
“Il est par contre extrêmement difficile qu’en tant que pécheur pauvre, indigne et condamné, tu puisses pour ta personne croire de tout cœur, être convaincu et dire sans aucun doute que Christ, le Fils de Dieu, a été livré pour tes péchés, lesquels sont non seulement nombreux, mais aussi grands et lourds, toi qui n’as jamais été digne d’une telle grâce. Ceci est assurément, je le dis, une chose difficile, une tâche lourde et pénible etc.
…Car Christ n’est pas un homme qui exigerait ou voudrait avoir quelque chose de nous, mais bien plutôt un réconciliateur qui a réconcilié tous les hommes dans le monde entier avec Dieu. C’est pourquoi, si tu es un pécheur (comme à la vérité nous le sommes tous, et plus grands que nous le pensons ou le comprenons), alors n’en fait surtout pas un juge sévère assis sur l’arc en ciel, irrité contre les pécheurs et résolu à les condamner.“
W 2 vol. 9, Sermon sur Ga 1:4-5 (1538) c.779+786 § 12+23 (traduction de l’allemand par C.)
(14) Dans “avant Christ/après Christ“, “Christ“ désigne une double réalité: d’une part le “Christ annoncé“, lorsque l’Evangile est proclamé, et de l’autre le “Christ accueilli“, lorsque la foi est créée dans les cœurs par la Parole de Christ. C’est ce que dit Paul en Ro 10:14,17: “Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche? Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ.“ NEG 79